Misty (2019) Compte Rendu
Ça y est il pleut à nouveau. Un véritable déluge... Impossible de sortir dehors. Mince que va-t-on faire ? Oh qu'est-ce que... Sur ma fenêtre, la buée semble former quelque chose. Et si j'ajoutais ça... et ça. Ah oui ça commence à ressembler à quelque chose. Oh la jolie voiture. Et là, une fusée et là oh non le monstre s'attaque à la plante ! Ma fenêtre se transforme de plus en plus en véritable histoire. Ah ces plaisirs d'enfants. Ces instants où notre imagination nous permettait de voyager tout en restant chez soi grâce à nos « talents » de dessinateurs. Ces talents, qui, il faut bien l'avouer était en fait très loin de ressembler à ce qu'on croyait. Mais ce qui comptait c'était le fait qu'on y croyait et que cela nous faisait voyager loin. Bon, les parents ça les faisaient un peu moins rire quand ils devaient nettoyer les fenêtres derrière nous, à cause des traces laissées. Mais que de souvenirs. C'est avec cette approche que Misty a vu le jour. Misty est le dernier jeu (tout du moins lorsque j'écris cet article car son actualité est tellement rapide ces derniers temps que ça change vite) de l'auteur Florian Fay. C'est un auteur qui arrive, à partir de mécanismes déjà connus et éprouvés, à donner vie à des mélanges parfois improbables mais qui fonctionnent parfaitement bien et qui renouvellent le genre. Des jeux comme Apocalypse Chaos, Greenville 1989, Mesozooic ou encore WonderZoo en sont de parfaits exemples. Avec Misty, l'auteur revisite le draft et la programmation en la simplifiant et en permettant au plus grand nombre de les découvrir. Misty est sorti chez Helvetiq en 2019. Ce jeu s'inscrit tout droit dans la gamme des petites boîtes de poche de cet éditeur. On est finalement assez proche du minimaliste à la « japonaise ». A l'intérieur, une règle de jeu assez courte, 54 cartes et c'est tout. Les cartes sont d'un format adapté à la boîte (mais pas forcément aux sleeves pour les plus drogués d'entre vous). Facile à transporter, facile à jouer. Un peu à la manière de Mesozooic, Misty propose une expérience originale. Au final, chaque joueur disposera de douze cartes avec lesquelles il va devoir créer une fenêtre. Sur la forme finale, vous n'êtes pas obligé de choisir dès le début de la partie. Votre fenêtre va prendre vie au fur et à mesure de la partie. A la fin, elle doit former un rectangle de :
A la fin d'une manche, on gagne des points. Celui qui en a le plus la gagne. Le but est de gagner deux manches. Le premier à qui ça arrive remporte la partie. Maintenant que nous avons vu comment on gagne, il serait bien temps de découvrir comment on y joue, n'est-ce pas ? Le jeu se joue en deux phases. Lors de la première, chaque joueur va recevoir six cartes. Misty est un jeu en temps réel. Autrement dit, il n'y a pas vraiment de tour de jeu. Chaque joueur joue en même temps. Vous allez donc choisir une carte parmi les six en main. Vous allez poser celle-ci face cachée devant vous et vous allez passer le reste des cartes à votre voisin (de droite ou de gauche suivant ce que vous avez tous convenus en début de partie. Car on ne change pas sur les six premières cartes ! Non j'ai dit, il faut suivre... euh pardon je m'emporte... Hum reprenons...). Une fois que chaque joueur a choisi sa carte, on la retourne tous ensemble. C'est le principe du draft. Maintenant, on va devoir poser sa carte pour former sa fenêtre. Si c'est la première c'est simple vous la mettez où vous voulez. Par contre, pour les suivantes, il va falloir les poser adjacentes à une autre (verticalement, horizontalement ou diagonalement). Cela peut donc se faire en hauteur, en longueur, en largeur mais dans la limite de la taille maximum finale de votre fenêtre. Pas toujours si simple. On fait cela cinq fois et la dernière carte et elle aussi ajoutée à votre fenêtre (sur celle-ci vous n'aurez pas le choix forcément). Une fois que les six premières cartes sont posées devant vous, votre fenêtre commence à prendre vie. Oui c'est vrai, il y a des trous, surtout pour arriver à douze emplacements. Alors devinez quoi ? Eh oui, on repart pour six nouvelles cartes. Et cette fois, on doit combler les trous. Il est d'ailleurs préférable de changer le sens de donne des cartes pour le draft. Une fois que les douze cartes sont posées, c'est la fin de la manche. Le draft est fini. Place à la résolution des programmations et pour moi à la seconde explication du jeu. Le draft n'est qu'un des engrenages du système de jeu. En effet, sur chaque carte vous allez retrouver des symboles différents. Parfois, cela va être des flèches comme sur les camions de pompiers ou les fusées, d'autres fois des façons de marquer des points comme sur les smiley ou les plantes, ou encore vous pouvez y retrouver d'autres indications pour en perdre. Chaque carte a sa propre façon de fonctionner et de marquer des points. Une fois la phase de pose de cartes finie, on passe à la phase d'activation. A ce moment, vous allez devoir activer toutes vos cartes. Heureusement, c'est vous qui allez choisir dans quel ordre. Sans être compliqué, le choix de vos cartes activées va devenir important. Pour chaque carte avec une flèche, celle-ci se déplace d'une « place » sur votre fenêtre ou en dehors (si celle-ci a été posée sur les bords de votre vitre). Chaque monstre non recouvert se dirige goulument vers une plante. Les autres restent en place. Les déplacements ont leur importance. Il va bien falloir bien visualiser la meilleure façon de positionner ses cartes et l'ordre dans lesquelles les activer. A la fin d'une manche, on passe à la phase de score.
Il ne faut pas se le cacher, Misty est un jeu destiné principalement à un public familial. Simple à jouer, rapide, et surtout transportable partout, le jeu mérite sa place dans vos ludothèque. Il propose un mélange de mécanismes assez malin qui vous permet de découvrir le monde merveilleux de la programmation de fortes belles manières. Les illustrations de Felix Kindelan fonctionnent parfaitement avec le thème. Le côté enfantin et embué des images vous met directement dans l'ambiance. Rien que le choix des dessins est en soi un retour dans l'enfance. Les indications sont aussi très claires et le fait de les avoir mises dans le sens de pose des cartes est une très bonne idée. Cela permet un sens de lecture simple et efficace. Rapidement, les joueurs savent comment fonctionne l'ensemble. Le jeu propose une introduction au draft et à la programmation et ce à partir de 6 ans. J'avoue ne pas avoir eu l'occasion d'essayer le jeu avec un enfant de cet âge là, mais en l'état cela me paraît peut être un peu compliqué. Ou alors il faut bien accompagner votre enfant à chaque tour. Il peut aussi être pratique de laisser deux cartes non utilisées, face cachées et dans deux sens différents, devant tout le monde, pour donner un exemple des gabarits des fenêtres. Cela peut ainsi éviter les erreurs et facilitent le tout. Sous ses aspects de jeu d'enfant, Misty réussi à vous confronter à un système de jeu très fun, mais pas si évident, de manière simple. Offrant quelques moments de réflexions, Misty offre de beaux moments ludiques, surtout à partir de trois joueurs. En effet, le jeu à deux offre moins de challenge, ce qui ne permet pas au jeu de prendre tout son intérêt. Facile à transporter, le jeu demande tout de même un peu de place une fois installée. Mais je vous rassure ce n'est pas non démesuré. Il est relativement facile de le sortir. Par contre, oublier l'avion ou le train ou même la voiture. Non cela ne tiendra pas. Peut être le bateau... mais alors un gros... quoique... oups je m'égare. L'auteur nous offre une première approche du jeu de programmation couplé avec un système de draft, parfois un peu fourbe (mais finalement trop rarement dans la majorité des parties), idéal donc pour une première mise en appétit. Un jeu sans vraiment de temps mort. Les tours sont fluides. Les choix sont logiques dans la majorité des cas. Pour les moins expérimentés, il est possible de prendre un peu plus de temps afin de mieux planifier ses futurs acquisitions / positionnements. Au fur et à mesure des parties ce temps sera amoindri. Il est vrai que pour des joueurs experts, le jeu pourra vite trouver ses limites et ce malgré une variante "experte". Mais en même temps, Misty ne leur est pas forcément destiné. Y jouer c'est un peu comme abusé des bonnes friandises destinées aux autres, un petit plaisir coupable mais bien agréable. Misty est un jeu qui sent bon la nostalgie. La nostalgie de ces moments d'enfance insouciants. De ces dessins de buée qui nous amusaient tant. Et cette fois, on ne craint pas la réaction de nos parents, au contraire, on les entraîne avec nous dans ce monde un peu fou. Certains iront même jusqu'à s'en servir pour pouvoir entraîner leur marmaille ou leur famille afin de ressortir leur bon vieux RoboRally... Disposant d'un aussi intéressant « terrain d'entraînement », auraient-ils tort de s'en priver ? Note technique 9 / 10 Le tout tient parfaitement dans la boîte. L'iconographie est très claire. Les règles sont plutôt bonnes et les dessins mettent bien le thème. Même si celui-ci se fait vite oublié. Mon score BGG 8,9/10 (Très bon. Envie d'y jouer et de le recommander) Pour son style de jeu et le public visé, Misty réussi son essai. Simple, rapide, facile à transporter, installer, expliquer et jouer, il a tout d'un grand. Parfaite entrée de gamme pour le draft mais surtout pour la programmation (surtout parce que c'est pas si courant), il saura convaincre petits et grands. L'essayer c'est l'adopter. Note combinée de 8,95 / 10 Et maintenant, c'est à vous... Merci à Helvetiq qui m'a fait découvrir ce jeu.
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